Le Document nº 1 du Comité central du PCC pour l'année 2011 se focalise
sur l'aménagement des eaux. C'est la première fois que les problèmes
liés à ce sujet font l'objet d'une telle attention dans ce document
annuel qui se concentre sur l'agriculture, les régions rurales et les
paysans depuis sept ans d'affilée. Chen Kelin, chef du bureau en Chine
du Programme Wetlands International, déclare, inquiet : "Bien qu'il y
ait encore diverses controverses à propos de l'influence des complexes
hydrauliques sur l'écosystème, il est incontestable que les zones
humides en aval connaissent une sécheresse accélérée à cause du
déséquilibre des débits d'eau qu'entraînent les grands barrages
construits en amont."
Riche en zones humides, la Chine en possède la plus grande superficie
d'Asie et se classe au quatrième rang mondial avec 10 % des superficies
mondiales. Jusqu'à présent, la Chine a établi plus de 550 zones humides
en réserves naturelles, dont 37 d'importance internationale. Pourtant,
depuis longtemps, sous la double pression d'une population en forte
croissance et du développement économique, de vastes zones humides ont
été dégradées ou réduites en raison des activités humaines,
principalement celles des secteurs agricole et immobilier. Fin septembre
2010, d'après les données de Jin Jianming, membre de l'Académie
d'ingénierie de Chine, entre 40 % et 50 % des zones humides chinoises
seraient dégradées et la plupart d'entre elles auraient perdu leurs
fonctions écologiques. Par exemple, la plaine Sanjiang, où se
rencontrent le fleuve Heilong et les rivières Songhua et Wusuli, en
Chine du Nord-Est, a perdu plus des deux tiers de ses zones humides
originales, et la province du Hebei a perdu 90 % des siennes en une
cinquantaine d'années.
La situation des zones humides dans les régions arides et semi-arides
est encore plus grave. Des centaines de lacs sont asséchés à Alxa, en
Mongolie intérieure, car les régions en amont abusent des eaux de la
rivière Heihe, ce qui a diminué l'apport d'eau de cette oasis, le
faisant passer de 900 millions de m3 à moins de 200 millions de m3. Le
même cas se répète dans la région de la rivière Tarim, dans le Xinjiang.
À cause du défrichement excessif en amont de la rivière, une section de
la rivière en aval a tari sur 350 kilomètres, et les lacs Lop Nur et
Taitema sont tous deux devenus des déserts. Bien qu'elle soit considérée
comme la plus belle prairie de zone humide en Chine, la prairie Zoigê a
vu tarir au moins 200 de ses plus de 300 lacs ; environ 105 300
hectares sont devenus arides et le taux de désertification reste à
quelque 11,6 % par an. En outre, l'homme ne cessant de draguer des
surfaces lacustres pour obtenir des terres cultivables, il transforme
rapidement des zones humides en zones sèches. Dans les régions côtières,
en raison du manque d'espace pour se développer, on n'hésite jamais à
gagner du terrain sur la mer.
Au cours d'une conférence nationale tenue le 17 novembre 2010 sur la
protection et l'administration des zones humides, Yin Hong,
vice-directeur général du Bureau national des forêts de Chine, a déclaré
franchement que dans le contexte du développement économique rapide et
de l'urbanisation accélérée, les zones humides chinoises devront
affronter les défis posés par une dégradation continue de
l'environnement naturel et par le désavantage des zones humides dans la
mise en valeur des terres. La Chine possède 36,2 millions d’hectares de
zones humides naturelles et 38,4 millions d’hectares de zones humides
artificielles, plus 415 000 hectares de parcs de zones humides.
Le Parc national de zones humides de Xixi (Zhejiang), de 11,5 km2, parsemé de 2 773 viviers, illustre un exemple d’aménagement –
Deux plans de protection étaient en concurrence : l'un mettait en
relief leur développement touristique et l'autre se focalisait nettement
plus sur la protection du site. Le premier plan posait des problèmes :
avec l'afflux de touristes et les nouvelles constructions,
l'environnement de ces zones humides serait dégradé à cause d'une trop
faible capacité d'adaptation. Mais le deuxième plan était lui aussi
contesté : une protection totale sans aucune utilisation commerciale
pourrait-elle apporter un développement durable aux zones humides de
Xixi, alors même que celles-ci ont déjà été influencées depuis longtemps
par l'agriculture ? D’où l’idée de tenter de concilier les deux
approches. 2 226 foyers ont été déplacés et relogés tous dans des
appartements construits par le gouvernement. Les villageois ont été
embauchés à la restauration du fond des étangs et au nettoyage des cours
d'eau. Depuis, une partie travaille pour la protection du site ou le
tourisme.
Entre 2006 et 2010, le gouvernement central a investi 1,4
milliard de yuans dans la protection, la restauration et le
développement durable des zones humides. 201 projets ont été mis en
chantier dans tout le pays, avec un budget de plus de 1,7 milliard de
yuans, fourni par les gouvernements locaux. À ce jour, onze provinces de
la Chine ont adopté des règlements provinciaux en vue de protéger leurs
zones humides.
L'article de Wang Shuo, La Chine au présent – China.org.cn 08-07-2011